Dissection aortique : chaque seconde compte
Une alarme sur trois à la Rega concerne un transport urgent de malade. Dans le cas de Cindy Essl, chaque minute comptait – et c’est la réactivité de tous, du médecin de famille aux équipes d’intervention, qui lui a sauvé la vie.
Le système de santé fonctionne à la perfection
Aujourd’hui, Cindy et Dani Essl sont venus remercier l’équipage. Et surtout échanger. Echanger sur ce qu’ils ont vécu pendant cette journée si capitale pour eux. Le sauveteur professionnel et le pilote retracent l’intervention et aident Cindy Essl à combler les failles de sa mémoire. Celle-ci à son tour raconte à l’équipage ce qu’il a peu ou pas l’occasion d’apprendre sur les patients pris en charge. Ce jour-là, Cindy Essl avait rendez-vous à 10 heures chez son physiothérapeute, à Würenlos (AG). Un accident de ski a mis une fin brutale à ses vacances en Autriche : fracture de l’épaule. Opérée en Suisse, elle commence la rééducation. Objectif : se rétablir le plus vite possible. Mais rien ne va se passer comme prévu. En voulant se mettre debout après la séance de physiothérapie, Cindy s’effondre de douleur. Une douleur intense dans le cou, la poitrine, le dos, le ventre. Le physiothérapeute subodore une nouvelle fracture de l’épaule ou un nerf coincé.
Du physiothérapeute à l'hôpital cantonal
Il réagit aussitôt, embarque sa patiente dans sa voiture et la conduit chez le médecin de famille qui la suit, à quelques centaines de mètres de là. Celui-ci l’examine sans plus attendre et fait prévenir son époux. En tant que médecin de famille, il connaît sa patiente et ses antécédents familiaux – sans doute est-ce ce qui lui a sauvé la vie. Il le sait, les maladies cardiaques sont fréquentes dans sa famille. Deux des oncles de Cindy Essl en sont morts et sa mère a eu un infarctus. Lorsque le médecin, en mesurant la tension artérielle, observe un écart important entre la partie gauche et la partie droite du corps, il est certain qu’il n’y a pas une minute à perdre. Il appelle une ambulance et fait conduire Cindy Essl à l’Hôpital cantonal de Baden pour confirmation du diagnostic provisoire. L’échographie cardiaque est sans appel : l’aorte est déchirée. Il y a urgence. La priorité absolue est de trouver une place dans un service spécialisé en chirurgie cardiaque pour que Cindy Essl soit opérée sans délai.
Le moyen de transport le plus rapide
Il reste une place à l’Hôpital universitaire de Bâle. Un transfert en ambulance serait beaucoup trop long. L’hélicoptère de sauvetage de la Rega est le moyen de transport le plus rapide et le plus doux. A 13h09, Alex Itin pose son hélicoptère devant l’Hôpital cantonal de Baden. Avec ses collègues, il se précipite au service des urgences avec une civière et y installe avec précaution la jeune patiente. « Je me souviens très bien avec quelle délicatesse vous m’avez manipulée et combien vous avez ménagé mon épaule », dit Cindy Essl avec gratitude lors de sa visite à la base. Elle n’a pas oublié non plus le calme de l’équipage de la Rega. « Alex, tu m’as dit avant le décollage que la météo était bonne, que le vol ne serait pas long et que je devais me détendre pour en profiter. Alors que j’ai la phobie des transports aériens ! » Cindy Essl résiste non seulement au vol, mais aussi à l’opération de plusieurs heures qu’elle subit à l’arrivée.
Beaucoup de gens ont fait la bonne chose au bon moment.
Tout n’est pas gagné cependant et pour la jeune femme, malgré une solide joie de vivre, le retour à une vie normale sera long. Sa visite à la Rega s’inscrit dans ce parcours de résilience, lequel lui permettra de surmonter son expérience traumatique. Mais elle est consciente que si l’équipage de la Rega et le transfert rapide vers un hôpital adapté ont été des facteurs décisifs, ils ne sont pas les seuls. « Je dois la vie aux multiples intervenants et à leurs bonnes réactions au bon moment », affirme-t-elle. Du physiothérapeute à l’Hôpital universitaire de Bâle en passant par le médecin de famille, l’ambulance, l’Hôpital cantonal de Baden et la Rega, la coordination entre les différents partenaires au sein du système de santé suisse a parfaitement fonctionné. Lorsque nous demandons à Cindy Essl ce qui l’a le plus impressionnée, elle répond sans hésiter : « Mon médecin de famille a pris de mes nouvelles à plusieurs reprises. Lorsque j’étais aux soins intensifs, mais aussi par la suite. Ce qui est loin d’aller de soi » – nous ne pouvons que lui donner raison.